Nous sommes sur terre, sur la planète des hommes, cette « vallée de larmes », dans un monde ambigu, un univers du mélange. Parfois, un débordement d'images totémiques – haïkus visuels, à travers ô combien de plans d'arbres filmés comme « les géants de la montagne » dont Tayoko professe qu'ils sont en train de parler ? Ici, des artefacts jonchant le sol, des plans évidés, un regard perdu dans une pensée, l'angle d'un toit, une ombre étrange sur une paroi, un reflet dans une fenêtre, un objet sous scellé, une personne sur fond neutre. Là, un bosquet, le flanc de la montagne, l'horizon clos de la vallée... Des blocs d'images comme autant de nuées d'oiseaux qui volent selon une chorégraphie folle formant figures. Des lignes de fuite, des plans furtifs sans qu'il y ait ni tout à fait présence ni tout à fait absence de suite narrative immédiate en première vision.
C'est qu'il faut prêter attention à l'image et à ses points de coupes pour sentir tout à la fois le poids du monde, de la finitude de l'existence humaine et par contraste, la présence antédiluvienne des éléments perceptibles comme un chœur antique et animiste au sein du petit théâtre de Tayoko Shiojiri.